Le prévenu sort l’artillerie lourde – 21 novembre 2012, Nancy

Le prévenu sort l’artillerie lourde…

[Article original dans Le Républicain Lorrain, par Valérie RICHARD]

Le 13 octobre dernier, un avocat nancéien avait été agressé par l’ex de sa cliente. L’homme, un fonctionnaire a écopé, hier, de sept mois ferme.

Dans le box du tribunal correctionnel de Nancy, un fonctionnaire de 46 ans répond de violence sur une robe noire. Le 13 octobre dernier, à l’issue d’une audience chez le juge aux affaires familiales, l’homme avait empoigné au col M e Pereira, le conseil de son ex, tout en le menaçant de le retrouver dans six mois.

« Tout ceci intervient dans une procédure de séparation très conflictuelle. Mon ex me refuse les droits de visite et d’hébergement de ma fille de 15 ans. J’étais à bout, mais je n’aurais pas dû, c’est certain », se défend le prévenu avec un vocabulaire choisi.

Il ajoute que le geste était « léger ». Promis, cependant, il n’est plus aujourd’hui dans le même état d’esprit. « Cette chanson-là vous l’avez probablement déjà servie ! », hausse des épaules l’avocat de la partie civile sans demander un kopeck de dommages et intérêts pour son confrère. Le quadragénaire comparaît en récidive légale.

Relation pathologique

En 2010, il a été condamné pour des violences, sur son ex et le nouveau concubin de cette dernière, avec armes, déjà. Et des armes, les policiers en ont aussi retrouvé le 13 octobre dernier lors de leur perquisition.

Du lourd, même ! « Un véritable arsenal », considère le vice-procureur Amaury Lacotte. Deux revolvers, un pistolet, un fusil d’assaut, un couteau, un poing américain et des centaines de munitions trônaient à son domicile à Vandœuvre. « Je comprends votre inquiétude… », lâche l’intéressé. « Mais six semaines en détention provisoire m’ont fait réfléchir. J’ai même renoncé à ma fille… Je n’avais jamais eu maille à partir avec la justice avant l’âge de 44 ans », gémit-il, encore. Même rapport psy à la virgule près « Mon client a connu deux femmes dans sa vie, sa mère et son ex… Sa relation particulière avec cette dame et surtout la rupture l’ont fait basculer », appuie son avocat lillois, M e Moyart. L’expert psychiatre qui a revu l’homme en octobre conclut à une relation « pathologique » avec sa concubine. « Au mot et à la virgule près, ce praticien avait écrit le même rapport en 2010… », ironise le conseil du Nord. Avant de balayer d’un revers de manche de funestes intentions suggérées par l’artillerie lourde saisie à Vandœuvre. « S’il avait dû se passer quelque chose, ça serait déjà fait … ». « À la suite de mes déboires conjugaux, je devais me trouver un sport, je me suis tourné vers le tir, sans doute une mauvaise idée… », souffle le quadragénaire décidément dans la repentance. M e Niango n’en démord pas, le fonctionnaire a menacé un auxiliaire de justice, une qualité aggravante.

Appels malveillants

Le parquet est du même avis. Cette escalade (le fonctionnaire a écopé d’une nouvelle peine il y a quelques mois pour des appels malveillants) démontre l’impulsivité du prévenu et son incapacité à tirer les leçons de justice. Il requiert la peine plancher, soit un an ferme et son maintien en détention. « Mon client a perdu la femme de sa vie, il vient de vous dire qu’il renonce à sa fille. Ne le privez pas de son travail en plus. Ça n’a pas de sens ! », plaide M e Moyart.

Le tribunal l’entend, écarte la peine plancher, condamne l’éconduit à sept mois ferme aménageables immédiatement et à une interdiction de détenir des armes pendant cinq ans.

Valérie RICHARD.