L’affaire Xavier Delille

Articles d’Eric Dussart publiés dans La Voix du Nord du 2 au 5 décembre 2014.


Xavier Delille, le déclin d’un surdoué, puis sa mort inexpliquée.

Publié le 02/12/2014

Les faits remontent à 2007. Le 9 juin, exactement. Dans sa maison d’une petite rue d’Hénin-Beaumont, Xavier Delille, 35 ans, était retrouvé mort, baignant dans son sang. Deux hommes étaient sur place. Sept ans plus tard, l’un d’eux est jugé depuis ce lundi après-midi, par la cour d’assises du Pas-de-Calais.

On aurait juré qu’elle tremblait. Quand la présidente lui a demandé de s’avancer, elle ne savait pas si elle réussirait à parler. Mais une mère sait parler de son enfant, bien sûr.

De sa voix douce, elle a commenté les images que la greffière passait à l’écran de la salle d’assises. Son fils à huit ans, puis à douze ans, il sourit, il est beau, on voit son œil qui pétille… « Il était intelligent, vous savez. Il avait un QI largement au-dessus de la moyenne, ce qui lui a occasionné des difficultés à l’école. »

Elle raconte la vie de son enfant précoce. À 20ans, avec une jolie jeune fille. « C’était l’amour de sa vie. Je crois que la séparation… » Il y a encore quelques photos du jeune homme séduisant, plein de vie, et puis il est question d’autre chose. D’alcool, de drogue, d’une marginalisation soudaine, mais radicale. Xavier Delille vivait à Hénin-Beaumont et sa mère le dit tout net : « C’est dur de voir son enfant décliner à ce point. » Chez lui, venaient s’installer des types en marge. Des SDF. Chez lui, qui citait Cicéron dans le texte, il y avait toujours de l’alcool, et d’autres choses. « Et il avait du cœur », dit sa mère. Le cocktail détonant. On l’a retrouvé mort, le crâne fracassé, baignant dans son sang, un matin de juin 2007.

« Il m’avait dit qu’il avait peur »

« Je voudrais comprendre, dit la mère. Savoir ce qui s’est passé. » Xavier s’est fait tabasser, mais pourquoi ? « La veille, il m’avait téléphoné et m’avait dit qu’il avait peur, qu’on voulait le tuer. Il m’a même passé M. Leroy, qui m’a dit la même chose. »

Il est là, Leroy. Dans le box des accusés. Seul, alors que les experts diront sans doute que tant de plaies ne peuvent avoir été occasionnées par une seule personne. Seul et apathique. Usé. Comme absent, le cerveau ravagé par les alcools. À 30ans. Mais quelle vie, aussi, que la sienne.

À l’opposé de celle de Xavier. Une mère alcoolique morte quand il avait 15ans, sa propre addiction tout de suite après. Une vie d’errance, de misère. De pas de chance.

Il était chez Xavier, ce foutu matin de juin 2007. « Mais c’est pas moi ! » Il maugrée plus qu’il parle. Rien ne l’accuse formellement, dans ce dossier plein d’ombres. Celles des autres SDF, qui passaient par chez Xavier. Ceux dont il avait peur et qui ne sont pas dans le box, parce qu’ils sont en fuite ou… qu’ils ont été libérés.

La cour d’assises a une semaine pour y voir clair.


Affaire Xavier Delille : c’est l’expectative à la cour d’assises.

Publié le 02/12/2014 Par Eric Dussart

De longues dépositions d’experts permettent parfois aux jurés de se faire une idée précise de ce qui s’est passé sur une scène de crime. La cour d’assises du Pas-de-Calais a eu droit ce mardi à deux exposés précis, techniques, sur les coups qu’a reçus Xavier Delille le 9 juin 2007, puis sur les traces retrouvées autour de son corps. Mais il est bien difficile d’en tirer de vraies certitudes.

« Vingt-cinq lésions, dont une qui peut être quasi-immédiatement mortelle », dit le Dr Busy, médecin légiste qui a examiné le corps. « Il y a deux causes possible de la mort : cette plaie au crâne, qui a été enfoncé, et la perte totale de sang. Laquelle a été fatale ? Je ne puis le dire. »

Un mystère de plus, dans cette histoire étrange, au terme de laquelle Xavier Delille, trente ans, a trouvé la mort chez lui, à Hénin-Beaumont. Un jeune type brillant qui avait sombré dans l’alcool mais gardait une vraie générosité. Il accueillait chez lui des types en grande difficulté. Les soirées se succédaient, dans l’alcool et les stupéfiants.

Que s’est-il passé, le 9 juin 2007 ? Quand les policiers sont arrivés à la maison de Xavier Delille, David Leroy était sur place. Mais il nie être l’auteur des coups. Une fois, une seule fois, en garde à vue, il a passé des aveux. « Mais j’ai dit ça comme ça, dit-il. Parce que les policiers ne voulaient pas me croire, quand je disais autre chose. »

Il est dans ce box – après avoir une première fois bénéficié d’un non-lieu, ce qui n’est pas si courant – parce que ces aveux-là sont compatibles avec l’état dans lequel a été retrouvé le corps. Longtemps le médecin légiste détaille les plaies, les lésions et prend en main les objets que lui présente la présidente. « Un objet contondant qui peut avoir occasionné l’enfoncement de la boite crânienne. » Mais il dit aussi qu’il a probablement fallu deux, voire trois armes pour tuer Xavier Delille. Un bâton torsadé, « qui correspond, c’est vrai, avec d’autres lésions ». Et même des « étoiles Ninja », apparemment fabriquées à la main par Xavier lui-même. Sur l’une d’elles, trouvée sous la tête de la victime, l’ADN d’un ex-voisin, habitué de la maison, est retrouvé. Un temps, ce type avait été mis en examen. Et puis, il a bénéficié lui aussi du fameux non-lieu.

C’est la deuxième experte, Frédérique Berlot-Picard, directrice-adjointe du laboratoire de police scientifique de Lille, qui donne cette précision. Elle en donne d’autres. Sur le bâton torsadé, on relève le génotype de la victime d’un côté, celui de l’accusé de l’autre, par exemple. Il ne bronche pas, l’accusé. Il est toujours posé dans son box, comme absent, presque endormi parfois, rongé par l’alcool et les produits qu’il prend depuis si longtemps. Il n’entend pas la même experte expliquer qu’aucune trace n’a été retrouvée sur la fourche. Sur la fameuse fourche.

– « Mais peut-on toucher un objet sans y laisser de trace ? » demande la présidente.

– « Oui ça arrive. »

Tout peut arriver, en fait. « Ce que nous avons constaté est compatible avec le récit que vous faites, madame la présidente », résume le légiste. « Mais je me garderai bien d’en tirer la moindre conclusion : nous n‘y étions pas. »

Voilà la cour bien avancée. Jean-Yves Moyart, avocat des parents de la victime, n’en démord pas : « En garde à vue, il donne des détails qu’il ne peut pas inventer. » Mais son confrère Bruno Dubout, qui défend David Leroy, fait toujours la moue. Rein n’est prouvé, c’est vrai. Et puis, en fin d’audience, arrive un autre témoin. Un ex-voisin, encore. Il avait ses habitudes, lui aussi, chez Xavier Delille. Au détour de son témoignage, il lâche que le colocataire de la victime avait « donné cinquante euros à une connaissance afin que celui-ci aille casser la gueule à Xavier ». Personne ne sait ce qu’est devenue cette connaissance. Dans son box, David Leroy a toujours les yeux mi-clos. Il est muet. Plein de mystères.


Connaîtra-t-on un jour la vérité sur le crimede la rue des Roses?

Publié le 04/12/2014 Par Eric DUSSART à Saint-Omer.

Depuis mardi, un Héninois est jugé pour le meurtre d’un trentenaire, le 9 juin 2007.

Il y a quelque chose de pathétique dans la posture de David Leroy. Replié sur sa lourde stature, la tête tombant le plus souvent sur ses bras croisés, il semble dormir, incapable de se concentrer sur ce qui se passe autour de lui. Ce qui se joue depuis lundi aux assises du Pas-de-Calais est pourtant capital. Il est le seul accusé du meurtre de Xavier Delille, à Hénin-Beaumont le 9 juin 2007. Ce jour-là, dans sa maison de la rue des Roses, le jeune homme avait été retrouvé mort, la tête fracassée et le corps couvert de 25 lésions différentes, et David Leroy était seul dans l’habitation. « Mais c’est pas moi, j’ai rien fait », balbutie-t-il de temps en temps.

Alcool, misère et errance

Il est aussi peu bavard que concentré. Sa vie de malheureux l’a usé. L’alcool, la misère, l’errance ont eu raison de ses facultés principales. Tous ceux qui passent à la barre des témoins racontent une vie d’excès, de débauche, dans la maison de Xavier. « C’était pourtant quelqu’un de bien, Xavier. » Ils racontent un jeune homme généreux, accueillant, qui avait basculé dans cette vie quelques années plus tôt. « Il était brillant, raconte sa mère. Il avait un QI élevé qui lui avait causé quelques soucis à l’école. » Mais il avait réussi ses études d’informatique et avait même créé sa petite entreprise. « Mais il a fait faillite et sa compagne l’a quitté peu de temps après… »

Plusieurs meurtriers ?

Qu’est-ce qui a bien pu se passer, au 55 de la rue des Roses, au petit matin du 9 juin 2007 ? David Leroy a presque toujours nié être pour quelque chose dans la mort de Xavier. Presque : une seule fois, en garde à vue, il a avoué. Donné quelques détails qui correspondent aux constatations du médecin légiste. Pour Jean-Yves Moyart, avocat de la maman de Xavier Delille, cela prouve sa participation. Mais Bruno Dubout, qui défend Leroy de son mieux – ce n’est pas une mince affaire –, n’est pas d’accord. Le légiste affirme qu’une fourche retrouvée sur place peut avoir servi à causer la grave blessure crânienne. « Mais on ne retrouve pas les traces de mon client dessus », dit l’avocat béthunois. « Il est possible, parfois, qu’on ne laisse pas de trace », dit la spécialiste du laboratoire scientifique. Elle a, en revanche, relevé l’ADN de Leroy sur un bâton, mais celui-ci correspond moins aux blessures. Les deux experts laissent entendre qu’il n’est pas impossible que les meurtriers aient été plusieurs.

Bref, rien n’est clair. Surtout qu’un autre habitué de la maison a laissé son ADN sur un objet tranchant retrouvé sur la scène du crime – un moment mis en examen, il a obtenu un non-lieu. Et que Xavier avait été menacé de mort par d’autres SDF dans les jours qui ont précédé le drame. Le verdict sera rendu demain.


Longuement interrogé, David Leroy nie toujours avoir tué Xavier Delille

Publié le 04/12/2014 Par Eric DUSSART

La cour d’assises du Pas-de-Calais a interrogé David Leroy sur les faits qui ont conduit à la mort de Xavier Delille, le 9 juin 2007, à Hénin-Beaumont. Il est le seul accusé, alors que les faits pourraient avoir été commis par deux ou trois personnes. Et il nie. C’est même la seule chose qu’on comprend avec certitude.

C’est comme si les mots lui tombaient de la bouche. La présidente lui a demandé de se lever et il se tient plié devant le micro de son box, bossu, le menton presque sur sa poitrine, le regard incertain. Il répond d’abord par bribes, de sa voix effacée, il faut qu’Anne-Marie Gallen lui rappelle régulièrement de parler devant le micro.

La présidente a en main les procès-verbaux de ses différentes déclarations en garde à vue. Une fois, une seule fois, il a reconnu avoir frappé Xavier Delille, à l’aube du 9 juin 2007. Il dit aujourd’hui que c’était parce que les enquêteurs ne le croyaient pas, quand il niait. « J’étais agacé, j’ai dit n’importe quoi… »

Soit. Mais la présidente fouille ces déclarations, et… « Ce n’est pas tout à fait n’importe quoi, quand on sait comment a été retrouvée la victime. » Une chose est constante : Xavier Delille et David Leroy avaient vécu « une soirée de défonce », la veille. Et les médecins estiment l’heure de la mort à 6h30 ou 7 heures du matin. Mort qui a été rapide, au regard des nombreuses blessures. Quand il avoue, David Leroy dit aux policiers que Xavier Delille a insulté sa mère, que c’est cela qui l’a mis en furie. Et il raconte, entre autres, avoir frappé trois fois dans son dos avec une fourche. Le médecin légiste dit que c’est compatible avec les constatations.

– « Comment pouviez-vous savoir qu’il y avait trois plaies, si ce n’est pas vous ? »

– « Mais moi, j’ai vu qu’une plaie. »

– « Non, vous avez dit trois ! »

– « C’est pas vrai. » Il répète : « C’est pas vrai. Pourquoi je l’aurais tué ?.. »

Anne-Marie Gallen revient à l’autre version. Une des autres versions, plutôt. Où il est question d’un homme qu’il aperçoit, dans le noir, en train de frapper Xavier, alors qu’il dort sur le lit. « C’est d’ailleurs ce qui m’a réveillé. »

– « Mais il vous a parlé, cet homme ? »

– « Il m’a dit bouge pas sinon je t’allonge… »

Il n’aurait bougé que peu de temps après, l’homme s’étant enfui, Xavier reposant, replié dans son sang, au sol. En garde à vue, il a déclaré l’avoir touché, pour savoir s’il vivait encore.

– « Non, non… Je l’ai pas touché. »

Une chose interroge Jean-Yves Moyart, l’avocat de la maman de Xavier Delille : « On retrouve l’ADN de la victime sous les ongles de votre main gauche, comment est-ce possible ? »

– « Ben ça, je sais pas… »

– « Moi je pense à une chose : si vous le frappez avec ce bâton sur lequel on retrouve votre marque, c’est avec la main droite, puisque vous être droitier. Et s’il faut le tenir, c’est donc avec la main gauche. »

S’il prend un coup, il ne le montre pas. Il est toujours impassible. Inexpressif. Parfois, un trait de lassitude passe devant son visage. Il se frotte les yeux. Jean-Yves Moyart ne s’arrête pas là : « On retrouve du sang de la victime sur votre pull. Derrière l’épaule droite. Comment expliquez-vous ça ? »

David Leroy tente une explication, guère convaincante. Et puis : « Je sais pas, moi… » Alors, l’avocat lillois le regarde droit dans les yeux : « C’était un chic type, Xavier. Il vous avait accueilli chez lui. S’il était là, il dirait sans doute la même chose de vous, que vous n’êtes pas vraiment méchant… Alors, pour sa mémoire, vous pourriez dire tout ce que vous savez… »

Le silence dure une éternité. Il ne bouge pas. Il est massif, inerte. Au premier rang de la salle, la maman de Xavier est tendue… « Ben la vérité, c’est que c’est pas moi. Je viens de vous la dire, la vérité. »

Cet après-midi, après les plaidoiries des parties civiles, l’avocat général prononcera son réquisitoire.


David Leroy condamné à quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Xavier Delille

Publié le 05/12/2014 Par Eric DUSSART

La cour d’assises du Pas-de-Calais a délibéré pendant près de six heures. Pour répondre à une seule question – « M. David Leroy est-il coupable d’avoir volontairement donné la mort, le 9 juin 2007 à Hénin-Beaumont, à Xavier Delille ? » – c’est totalement inhabituel. Preuve que les trois juges professionnels et les six jurés ont plongé dans les doutes et les vides de ce dossier.

« Mes confrères de la partie civile vous ont expliqué pourquoi on a envie de condamner mon client. M. L’avocat général nous a dit pourquoi il ne faut pas le condamner. » Bruno Dubout, avocat de David Leroy, a plaidé en fin de matinée l’acquittement d’un homme toujours apathique, son lourd menton posé sur ses bras croisés, relevant parfois un œil noir dont il est difficile de deviner ce qu’il exprime.

« C’est vrai qu’il n’est pas sympathique », dit Me Dubout. Et il parle de ce monde des SDF qu’il connaît, par d’autres engagements, qu’il scrute et qu’il comprend. Mais il comprend aussi le regard que porte sur eux notre société : « Il n’est pas des nôtres. »

Des parents admirables.

Il est de ce monde dans lequel avait fini par plonger Xavier Delille. Ce gosse brillant, mordant dans la vie qui lui a fait un ou deux croche-pieds au mauvais moment et qui est revenu s’installer, à trente ans, à Hénin-Beaumont, à côté de son père. C’est là qu’il a ouvert sa porte aux égarés de la vie. C’est là qu’il a sombré dans l’alcool et les stupéfiants. « On faisait ce qu’on pouvait pour lui, mais on sentait bien qu’on le perdait… » Ses parents, admirables de courage, participent forcément à l’œuvre de leurs avocats : c’est vrai qu’il est tentant d’en vouloir à ce David Leroy muet comme un mufle, qui s’endort parfois dans son box.

Car il a passé des aveux. C’est là-dessus que s’est appuyé l’avocat général : « Tout colle », dit-il. Ce que raconte Leroy après quatre ou cinq heures de garde à vue, après avoir nié. Et avant de revenir sur cette version et de nier à nouveau.

« Tout colle ? Comme vous y allez, M. l’avocat général ! » Bruno Dubout n’est pas d’accord. D’abord, il manque un mobile. Dans ses aveux, Leroy, à qui on pose évidemment cette question, répond que la victime avait insulté sa mère. Et l’expert-psychiatre, vendredi, était venu dire que « c’est sans doute la seule chose qui peut le faire sortir hors de lui… » Mais Xavier Delille pouvait-il proférer ces insultes ? « Dans l’état d’alcoolisation dans lequel il était ? C’est impossible ! ». Me Dubout s’appuie pour cette affirmation sur le témoignage d’un médecin légiste qui assure que Xavier Delille devait être inconscient, au moment du crime, au regard du taux d’alcoolémie relevé sur son corps.

Le doute de l’arme.

Et puis, il faut une arme. Il y a bien cette fourche dont l’accusé a parlé spontanément, sans que personne ne l’ait remarquée avant. Cette fourche avec laquelle il assure avoir donné les coups qui peuvent correspondre avec les constatations du légiste. « Il ne peut pas l’inventer, ça, tout de même ! » Certes. « Mais dites-moi, cette fourche, on la retrouve à l’autre bout de la pièce. Bien à sa place. » Et le voilà qui mime l’homme qui aurait frappé avec cette arme lourde, repartant la poser à sa place. Il montre son client avachi dans le box : « C’est vrai qu’il est si ordonné. Si soucieux du rangement… » Des jurés se regardent…

Mais il y a l’histoire du loquet de la porte. Si ce loquet est tiré, personne ne peut entrer de l’extérieur, et alors, Leroy est le seul coupable possible, puisqu’il était à l’intérieur de la maison. « Il le tirait toujours », dit la mère de Xavier. Son père confirme. D’autres témoins, aussi. « Mais si ce jour-là, il était trop alcoolisé ? »

Un dossier plein de trous.

Bruno Dubout ira aussi loin qu’il le peut. Ce dossier est plein de trous. Pleins d’absents, aussi, comme ceux qui ont disparu tout de suite après le crime, des gens de la rue ou de la galère, qui avaient, eux, des raisons objectives d’en vouloir à Xavier Delille. Parce qu’il les avait recueillis un moment, puis leur avait demandé de vider les lieux. Il se sentait d’ailleurs menacé. La veille du crime, il avait dit à sa mère au téléphone : « Ils vont me tuer à coups de battes. » David Leroy était avec lui, il avait même confirmé à la maman que son fils avait peur. Il était encore là le lendemain, un peu avant 8h30, quand Xavier Delille, trente-cinq ans, a été retrouvé mort, baignant dans son sang, la tête et le torse fracassés.

La cour d’assises n’a pas suivi l’avocat béthunois. Elle a jugé que David Leroy avait bien frappé Xavier Delille à mort – et volontairement. Il est condamné à quinze ans de réclusion criminelle. Me Dubout a annoncé immédiatement son intention de faire appel.