Article paru dans La Voix du Nord le 18 novembre 2017 – Par Chantal David.
Devant la cour d’assises des mineurs, trois amis de l’auteur des coups de feu à Moulins, le 19 janvier 2014, ont été jugés cette semaine pour ne pas avoir dénoncé le crime ou avoir aidé le tireur, condamné lui à 12 ans de prison. Leur rôle n’a occupé la Cour que quelques heures. Leurs avocats plaidaient l’acquittement.

Maîtres Pauline Neveu et Jean-Yves Moyart, en partie civile, au premier jour du procès. PHOTO LUDOVIC MAILLARD
Me Quentin Lebas dira aux jurés que ce qui est reproché à son client ne mérite pas plus qu’un passage devant un juge unique, là où l’on juge les affaires les moins graves : « Si ce n’était pas connexe à un crime pour lequel il n’a rien à voir ce serait jugé en cinq minutes. » Les trois mis en cause pour ces délits connexes ont trouvé la semaine bien longue. Ils ont piaffé dans le box, clamant leur innocence. La présidente Nourith Reliquet les a aussi rappelé à l’ordre pour des regards appuyés et des messes basses… d’autant plus intrigants que, dans ce dossier, il était fortement question de loi de silence et de peur des représailles. Tous connaissent « le commanditaire des tirs » affirmera Me Frank Berton, avocat du tireur. Mais aucun ne veut vendre la mèche. « Ces gens qui tiennent les trafics de stups sont capables de vous envoyer dans le coma », rappellera Me Julien Bensoussan.
« Ils sont tous bons amis et ils veulent faire croire qu’ils ignoraient la fusillade. »
Son client était poursuivi pour avoir partagé deux jours de la cavale du tireur : « Il a loué une chambre dans le même hôtel à Bruxelles, dans laquelle il dort seul, et c’est tout. » La Cour l’a estimé coupable et l’a condamné à quatre mois de prison.
Le client de Me Lebas était aussi à Bruxelles. Il a également été vu dans l’appartement à Tourcoing où a été arrêté le tireur. « Le dossier n’offre qu’un faisceau d’indices, pas de preuves », affirmera son avocat, répondant à l’avocate générale qui s’était indignée : « Ils sont tous bons amis et ils veulent faire croire qu’ils ignoraient la fusillade, qu’ils n’en ont même pas parlé… » Il a été condamné à un an de prison.
Le client de Me Isabelle Corralès a été un des premiers mis en cause. Son arrestation repose sur les déclarations du père du tireur, qui avait affirmé que, juste après la fusillade, cet ami de son fils était venu avec un autre faire le ménage : « Ils m’ont demandé s’il y avait des armes et des stups dans sa chambre. » Lors du procès, le père est revenu sur ses déclarations. Un moment terrible que les dénégations de cet homme rongé par la peur et la toxicomanie. L’avocate insistera sur la fragilité de son témoignage. Son client est le seul des trois qui a été acquitté.