Armentiérois Un ancien syndicaliste FO-Banque poursuivi pour… détournement de fonds

Article publié dans La Voix du Nord le 6 octobre 2018 – Par Lakdar Bélaïd

Un homme ayant travaillé des décennies dans la banque est soupçonné d’avoir siphonné des fonds provenant notamment de cotisations d’adhérents. Lui évoque une gestion brouillonne des comptes. Le procureur, lui, réclame la prison.

L’avocat Jean-Yves Moyart défend un ancien syndicaliste FO soupçonné d’avoir empoché des cotisations d’adhérents. PHOTO PATRICK JAMES

L’avocat Jean-Yves Moyart défend un ancien syndicaliste FO soupçonné d’avoir empoché des cotisations d’adhérents. PHOTO PATRICK JAMES

L’affaire tiendrait presque du théâtre de boulevard. En 2012, TracFin, organisme gouvernemental chargé de repérer les mouvements de fonds suspects, signale des versements surprenants sur les comptes de J. C. Or, ce Lillois, responsable syndical dans les Flandres, n’est pas n’importe qui. Aujourd’hui retraité, il a travaillé près de 40 ans… dans la banque. « TracFin ? J’ai reçu des formations dessus tous les deux ans », précise même ce représentant syndical FO. « Mon client sait parfaitement comment ça marche, vient l’appuyer Jean-Yves Moyart, son avocat. S’il a fonctionné ainsi, c’est parce qu’il n’y voyait aucun problème… » « Ou alors, vous avez eu un peu trop confiance en vous », lance le président Jean-Marc Defossez au prévenu. Sur le banc des parties civiles (les victimes annoncées), un avocat de la Fédération des employés et cadres FO ronge son frein.

« C’est un dossier de détournement de fonds où il ne manque pas de fonds. »

En épluchant différents comptes, TracFin, puis la police, ont déniché des transferts de fonds. Près de 62 000 € ont ainsi atterri dans l’escarcelle de J. C. entre 2008 et 2013. « C’est un dossier de détournement de fonds où il ne manque pas de fonds », tonne pourtant Me Moyart. Lui dénonce plutôt « un vaste bordel amiable ». « La victime dans cette affaire ?, rebondit J. C. Moi… » Lui met en avant d’importants frais de déplacement, en tant que responsable FO, en Normandie, au moment du rachat de son groupe.

Si des sommes ont été transférées sur son compte, notamment à partir d’un autre basé à Armentières, c’était pour lui rembourser des frais importants inhérents à ces voyages. Tout ça de façon artisanale, « bordélique » pour reprendre l’expression de son défenseur. Un désordre lié aussi, assure J. C., à des questions d’organisation des structures syndicales. Pour sa fédération nationale, près de 140 personnes, dont les cotisations ont été aspirées par J. C., n’ont, de fait, « jamais été membres de FO ».

Le procureur Michaël Bonnet, non plus, ne veut pas avaler la version de la pagaille érigée en mode de fonctionnement avec aucune prévarication à la fin. Il réclame deux ans de prison, dont un avec sursis. Le représentant du parquet exige même la confiscation (totale) d’une maison achetée au Sénégal et financée en (petite) partie avec cet argent ayant sauté d’un compte à un autre. Délibéré le 19 octobre.

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