Après un premier jugement en 2018 et une peine de douze ans de réclusion, un Villeneuvois accusé de viol a voulu se faire juger une seconde fois. Il écope de la même peine.
Article paru dans La Voix du Nord du 15 octobre 2020 – par Cédric Gout

Devant la cour d’assises d’appel, mardi, les cinq femmes qui ont vécu avec Éric Caudory ont toutes décrit la même relation. Idyllique au début, elle finissait dans la violence. L’une d’elle a même évoqué des faits dont elle n’avait jamais parlé au cours de l’enquête.
Mercredi, les jurés ont entendu la victime. Cette jeune femme, âgée de 23 ans, qui habite La Chapelle-d’Armentières, est issue d’une famille de fervents catholiques. Selon l’expert psychologue de la cour, elle a reçu une éducation qui l’a rendue naïve et peu méfiante des autres. Mais qui est aussi à l’origine d’une culpabilité qui l’a poussée à ne pas parler tout de suite à sa famille de ce qu’elle a vécu le 28 avril 2016.
Aux jurés, Claire a tout raconté, avec aplomb. Elle a expliqué s’être sentie en confiance avec Éric Caudory, père d’une petite fille et affable. Elle fait sa vaisselle et, une fois sa tâche finie, il lui propose un apéritif. « En l’accompagnant acheter de l’alcool, vous ne pensez pas qu’il s’imagine pouvoir aller plus loin ? » l’interroge Sylvie Karas, la présidente. La jeune femme indique n’y avoir pas pensé. L’avocate générale, Anne-Lise Cau, lui demande si, aujourd’hui, elle culpabilise encore. « Non, ça m’a appris à être plus prudente. Mais je ne ressens pas de haine. » Sylvie Karas avoue qu’en quinze ans d’assises, elle a très rarement vu une victime ne pas être dans un esprit de vengeance.
« Vos efforts vers plus de vérité sont incontestables. Mais les détails que vous oubliez gâchent ces efforts. »
La cour a, ensuite, mis la pression sur l’accusé. L’avocate générale, d’abord, lui rappelle que mentir ne l’aidera pas. Puis Sylvie Karas : « Elle ne ment pas, elle, quand elle dit que vous avez enlevé les clés. Vous l’avez donc séquestrée, puis violée ! » Éric Caudory a des trous de mémoire. Jean-Yves Moyart, l’autre avocat de Claire, avec Margaux Machart : « J’étais au premier procès. Vos efforts vers plus de vérité sont incontestables. Mais les détails que vous oubliez gâchent ces efforts. Vous êtes affirmatif quand ça vous embête. Mais flou autrement. » Perceval Lebas : « Pas facile de reconnaître qu’on est violeur. Mais dites-le M. Caudory. Dites-le ! » Dans le box, la voix tremble : « Oui, j’ai violé Mme D… »
Après Margaux Machart qui a demandé aux jurés de soutenir sa cliente en pleine « rédemption », Anne-Lise Cau a requis une peine de 15 ans, plus lourde qu’en première instance. Perceval Lebas a demandé aux jurés de mesurer cette peine, de savoir si elle avait du sens. Ils l’ont peut-être fait en le condamnant à 12 ans de réclusion, assortie de 4 ans de suivi sociojudiciaire.
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